Jour de la catastrophe +1 : Koh Phi Phi et Phuket (suite)

Avertissement

Ce qui est transcrit ci-dessous est notre vécu subjectif. Profondément touchés par cette catastrophe, nous exprimons notre compassion à tous ceux qui l’ont vécu de près ou de loin. Les faits vont bien au-delà des écrits. Nous nous excusons d’avance pour ceux qui seraient choqués d’une interprétation fausse de ce qui est écrit ci-dessous ou des photos publiées qui ont toutes été prises par nous. Nous pansons toujours nos plaies.

A Phuket, ils nous ont donné à manger et à boire en attendant de prendre un bus qui allait nous amener au tristement célèbre (pour nous en tout cas) city Hall de Phuket. C’est là que les autorités Thaï ont installé le centre de secours. La logistique était bien organisée. Le deuxième jour après la catastrophe, il y avait de la nourriture et de la boisson distribuée gratuitement et en abondance, des vêtements, des écoles où l’on pouvait loger, le téléphone et l’Internet gratuits afin d’avertir nos familles et la procédure de remplacement de passeport était en place. Seul hic, il n’y avait pas vraiment quelqu’un pour organiser la prise en charge des victimes, le plus important à nos yeux ayant vécu le cataclysme. Monica a attendu dans les jardins à l’extérieur alors que je suis allé envoyer des emails et voir les autorités suisses. Des représentants des ambassades étaient sur place dans une grande pièce style salle de conférence. Je me suis faufilé entre les tables pour arriver à la numéro 13, celle qui disait « Switzerland ». Là étaient deux suisses romands d’un certain âge qui étaient sain et sauf mais qui avaient perdu toutes leurs affaires. Deux fonctionnaires de l’ambassade de Bangkok se trouvaient là. A mon arrivée, on ne m’a pas posé de questions spéciales. J’ai dit que j’étais Suisse … pas de réponse, j’ai vu alors la feuille A4 fédérale quadrillée pré imprimée avec nom,…, je suis simplement parti. J’ai envoyé plusieurs emails et répondu un message identique à ceux qui nous avaient écrit pour prendre des nouvelles. Je n’ai pas pu contenir mon émotion et des larmes se sont mises à couler, première décompression certainement. A ce moment là, le centre de secours grouillait de victimes qui étaient en besoin de papiers pour quitter au plus tôt le pays. Nombreux étaient également moyennement blessés. Dans l’intervalle, Adrien était allé voir pour un hôtel. Apres avoir terminé d’envoyer les emails, j’ai rejoint le groupe dans les jardins et nous sommes partis à l’hôtel.

L’hôtel était cosy. Pour vous dire, nous n’avions jamais eu une telle chambre depuis notre départ (clim’, belle salle de bain avec serviettes, savon et papier de toilette, TV, CHF 18,-).

Dans la soirée, avec Monica, nous sommes retournés au centre de secours. Nous avons alors téléphoné à nos familles. L’émotion fut grande. Heureusement le décalage horaire a fait que la famille au Pérou n’avait pas encore pris connaissance de la catastrophe. Ma belle-maman n’a pas pu contenir son émotion.

Au centre, le spectacle était toujours le même. Les panneaux d’affichage se remplissaient avec des avis de disparition. Des listes éparses des blessés et des morts non identifiés dans les hôpitaux circulaient et étaient affichées (cf. photo), des personnes proposaient un endroit où passer la nuit dans des écoles et universités. Les survivants ayant perdu leurs papiers venaient s’enregistrer pour obtenir ce qu’il fallait pour rentrer chez eux. Il y avait déjà des cars de télévision qui avaient pris leurs quartiers mais ça allait encore. Nous sommes retournés ensuite voir les autorites suisses. Là, toujours les deux mêmes fonctionnaires. Nous leur avons raconté un peu notre histoire et la gravité de la situation. La plupart du temps, un disait « ouais » en français fédéral et l’autre haussaient les épaules. Nous avons demandé si deux suisses romands nommés Alain et Murielle s’étaient enregistrés auprès d’eux, mais à la simple diction de leur prénoms, un a simplement répondu… « non ». Rien d’autre. Pas de demande d’information. C’est finalement Monica qui leur a demandé s’ils ne voulaient pas quand même prendre nos noms, à quoi ils ont répondu par l’affirmative. Alors est venu un autre suisse qui était déjà dans le centre depuis un moment à voir. Ils nous ont dit qu’il avait perdu sa copine sur Koh Phi Phi. Il avait l’air dépité.

Vers 23h00, nous sommes rentres à l’hôtel épuisés des émotions vécues. Vers minuit enfin nous avons été en communication avec le rédacteur en chef de la Presse (journal local suisse romand) à qui nous avons livré notre témoignage. Le lendemain, nous nous sommes dits que nous allions voir ce que nous pouvions faire pour aider. Nous nous sentions bizarres. Nous commencions à avoir le contrecoup du choc, comme lorsque l’on se réveille d’une grosse bourre, sorte de gueule de bois où l’on n’a plus envie de rien.