Jour de la catastrophe +1 : Koh Phi Phi et Phuket

Avertissement

Ce qui est transcrit ci-dessous est notre vécu subjectif. Profondément touchés par cette catastrophe, nous exprimons notre compassion à tous ceux qui l’ont vécu de près ou de loin. Les faits vont bien au-delà des écrits. Nous nous excusons d’avance pour ceux qui seraient choqués d’une interprétation fausse de ce qui est écrit ci-dessous ou des photos publiées qui ont toutes été prises par nous. Nous pansons toujours nos plaies.

Embarcadère de Phi Phi. En attente d’un bateau pour quitter l’île à coté des corps entourés de draps. Vers 6h30, nous nous sommes réveillés. Que faire ? Nous sommes partis avec Yann en éclaireur pour estimer quelle était la situation. Nous avons contourné l’île pour rejoindre l’embarcadère. Cette partie de l’île a été moins touchée et le chemin était plus « passant ». Sur la route, c’était l’exode. Tout le monde, étrangers et thaïs, se dirigeait en direction de l’embarcadère. Il était noir de monde. Tous attendaient des bateaux pour partir pour Krabi ou Phuket. Là il y avait quelques « officiels » qui dirigeaient les gens sur les différents bateaux qui arrivaient. Ils ont aussi annoncé qu’il allait y avoir des bateaux toute la journée pour quitter l’île. Nous sommes rentrés par le centre de l’île qui était dévasté. Nous avons rencontré beaucoup de blessés. Ils avaient besoin d’aide pour rejoindre le lieu où l’évacuation des blessés se faisait par hélicoptère. Toujours aucun secours de masse n’était visible mais il y avait au moins trois hélicoptères qui faisaient la navette sur Phuket. Juste ça et là quelques personnes. La majorité (pour ne pas dire la totalité) des personnes qui transportaient les blessés (thaïs et étrangers) étaient des occidentaux. Avec Yann, nous ne nous sommes pas posés de question et avons aidé à transporter les blessés à bout de bras et sur des brancards de fortune. Des occidentaux ont pris en charge l’organisation des secours et ont notamment construits des civières avec des bambous, de la corde et des bâches plastiques. Adrien et Jimmy nous ont alors rejoint. Lorsque l’on arrivait à l’héliport avec des blessés, des cameras de télévision et des photographes filmaient et photographiaient tout, absolument tout, sans retenue. Il semblerait qu’eux avaient un hélicoptère spécialement affrété pour l’occasion. Lorsque l’on chargeait les blessés dans l’hélicoptère, nous pouvions lire la peur et la panique sur les visages des militaires. Le bordel, la panique face à une catastrophe dont personne ici n’avait la formation pour l’affronter.

En fin de matinée tous les blessés ont été acheminés à l’héliport. Les deux collines, et les différents endroits où des accidentés se trouvaient (Rock Backpacker et Reggae Bar principalement), étaient vides. Alors je suis parti avec Jimmy au débarcadère pour voir la situation. A l’entrée du débarcadère se trouvait une jeune fille qui boitait avec sa copine. Elle demandait où se trouvaient les secours. Les gens toujours pressés de partir lui passaient à côté sans même lui prêter attention. Hallucinant ! Nous l’avons alors amené au lieu des blessés. Nous sommes ensuite retournés au bungalow où nous nous sommes tous retrouvés. De là, nous avons pris nos bagages pour quitter l’île. Le couple hongrois nous a accompagné. La femme était encore terrifiée. Pour la dernière fois nous avons chevauché les décombres, marchant certainement sur des corps, l’odeur commençait à devenir insupportable. J’ai essayé tant bien que mal de dire à Chi de ne pas regarder ici et là où il y avait des corps gisant sur des charrettes ou simplement par terre. Dans l’atmosphère régnait un mélange d’eau de mer et de … mort. Le soleil brillait comme à son habitude et la chaleur (33 degrés) n’arrangeait rien quand à la putréfaction des cadavres. Au débarcadère, la file d’attente n’était plus très longue. Nous avons attendu environ une heure sur l’embarcadère sur lequel les cadavres reposaient (cf. photo) avant d’embarquer sur des bateaux de la Royal Navy de Thaïlande pour Phuket. Il semblerait que les secours arrivaient gentiment.