Archives mensuelles : mai 2005

Palenque, de la dure réalité indienne actuelle à la grandeur de leur civilisation passée

De San Cristobal de las Casas, nous avons pris le bus pour Palenque. Après quelques longues heures de virages descendants, nous avons pu admirer le paysage de jungle qu’offrent les plaines du Chiapas. A ceci s’ajoute un climat très humide en ce début de saison des pluies. En se promenant dans le village de Palenque, nous nous sommes vite aperçus que nous étions dans un endroit qui s’est développé avec le tourisme. Donc par défaut, sans grand intérêt pour nous. Alors, nous avons décidé de visiter le site archéologique de Palenque et de nous en aller.

Nous n’avons pas été déçus de notre visite. Accompagnés d’un guide local, nous avons d’abord parcouru le site une première fois de long en large, en écoutant les explications pas toujours perspicaces de notre guide. La jungle environnante nous a gratifié de ses sons et crissements. Un des aspect les plus impressionnant est le nombre d’édifices encore dissimulés dans la jungle : plus de 1400. Seulement 200 édifices à ce jour ont été mis au jour.

Ensuite nous avons erré sur le site pour nous imprégner de son mysticisme. Car en effet, s’il nous est bien resté une chose de cette visite, ce sont les immenses points d’interrogation qu’ont laissé derrière eux les Mayas. Nous avons également pu monter sur le « Temple des Inscriptions » pour, depuis le sommet, descendre visiter le tombeau se trouvant quelques 25 mètres plus bas à l’intérieur de la pyramide. Ceci a été possible grâce à l’autorisation spéciale reçue de la part du directeur du site archéologique de Palenque.

Nous ne savons pas si c’est la période de visite, mais nous étions relativement seuls sur le site, ce qui est tout particulièrement agréable. Palais de Palenque

Le Temples des Inscriptions (à gauche), le Temple XIII (au centre), le Temple de la Tête de Mort (Temple XII) (à droite)

San Cristobal de las Casas et sa dure réalité

Centre à l’architecture coloniale

Indiennes rentrant dans leur bidonville, loin du joli centre

Loin du centre, la communauté pauvre indienne

Centre à l’architecture coloniale Nous avons laissé Boris et Sandra (sniff, sniff) qui ont continué leur chemin vers le nord. Pour notre part, nous avons pris le chemin du sud en direction du Chiapas avec comme destination finale San Cristobal de las Casas.

Endroit touristique par excellence, San Cristobal n’en a néanmoins pas perdu son charme. Style architectural colonial typique aux façades colorées de teintes chaleureuses et population indienne majoritaire créent un patchwork tout à fait pittoresque. Cependant, la beauté de ce tableau à la Rivera, cache une réalité paysanne indienne déplorable. Faire la révolution aujourd’hui devient difficile. Le fossé des armes qu’il y a entre les armées d’état et celles des guérilleros est disproportionné. Nous avons longuement discuté avec le jeune homme Maya qui vendait les tickets d’entrée du Musée du centre de développement de la médecine Maya. Il était très remonté contre son gouvernement et contre les étrangers. On pouvait noter dans ses propos une certaine haine. En discutant avec lui, on se rend compte que la lutte menée par les Zapatistes depuis 1994 semble vaine (oui la lutte continue et ne s’est pas terminée en 2001). Encerclée et contrôlée par l’armée mexicaine, le seul moyen d’action de la guérilla reste Internet et les discours politiques. Certes, ils ont néanmoins obtenu certains privilèges depuis, mais rien qui fasse de leur statut un peuple digne.

Cependant, en écoutant ce jeune, nous nous sommes rendus compte qu’il n’était pas prêt non plus à jouer le jeu de la société mexicaine (la voie politique ou économique) pour améliorer les conditions de vie des indigènes. En gros, il demande simplement qu’ils puissent vivre de manière autonome. Nous n’avons pas senti de conviction en lui, nous avons eu mal aux tripes pour lui. Nous avions l’impression de vivre avec plus d’émotion son problème que lui-même, résigné à une certaine fatalité avec seulement des mots faciles de colère et de haine envers une injustice flagrante. Il est clair que nous nous trouvons ici au Chiapas dans une région vérolée par la corruption, avec un sol riche au nom duquel des déplacements de population indigène sont ordonnées sans aucune considération humaine. Dans une certaine mesure, ils sont encore considérés comme des esclaves, c’est vrai. Cependant, pour la défense de mon peuple, je m’investirai pour exploiter la richesse de mes terres ou pour organiser la vie touristique y relative. Car il semblerait que le tou-tou de base vient ici pour photographier des indigènes, mais l’argent du même tou-tou ne retombe pas directement dans les communautés photographiées.

Nous avons également discuté avec Maria, 7 ans et sa petite sœur Martha, 5 ans, toutes les deux vendeuses ambulantes d’artisanat sur la place principale. Il était environ 21h30. Elles étaient bien sûr tellement chou qu’on les aurait adoptées sur le champ. Malheureusement, leur réalité est tout autre. Pas d’école, elles tissent le matin avec leur famille pour aller vendre l’après-midi et le soir. Et lorsque tu leur demandes ce qu’elles font avec l’argent qu’elles gagnent, elles te répondent qu’elles le donnent à leur Maman. Elles étaient sales et leurs sandales étaient très abîmées. Pour elles, pas de jouet, pas de copine d’école, leur enfance est le pavé et le touriste pour glaner des pesos. Super!

Ca devient très dur de voyager dans ces conditions. En parlant la langue, nous nous rendons compte de toutes ces injustices, ce racisme, cette indigence d’esprit qui rendent notre progression difficile. Nous vous le promettons, c’est triste et dur. L’ignorance fait l’apanage des dictatures. Aujourd’hui elle fait l’apanage d’un des volets les plus obscurs de la mondialisation. L’exploitation et le rendement à tout prix! L’éducation, il n’y a que ça de vrai! Mais lorsque l’on sait que la terre, en terme de ressources énergétiques, ne peut pas assurer l’état providence pour tous, nous devons nous rendre à l’évidence de la chimère que représente un combat pour les droits des pauvres. Quelle tristesse! Nous nous demandons sérieusement dès lors comment nous devrions agir?

Bref, nous partons le cœur endolori pour Palenque…

Puerto Escondido : Comment aurait-on pu ignorer la meilleure plage de surf du Mexique ?

Après avoir arpenté les rues du marché de Tlacolula, admiré le plus gros tronc d’arbre du monde à « El Tule » (arbre vieux de plus de deux mille ans!), nous avons décidé de prolonger notre séjour avec Sandra et Boris en se rendant à Puerto Escondido ensemble. Ce petit village de pêcheurs était encore inconnu il y a quelques décennies. Dès lors, sa vague qui forme un tube de plusieurs mètres lors de grosses houles en a fait une destination de choix pour les surfeurs et les voyageurs à petit budget.

L’endroit était rêvé pour que Boris et moi puissions expérimenter la joie de surfer entre potes. Nous n’avons pas été déçus. L’océan nous a gratifié d’une fin de houle nous offrant quelques bonnes petites vagues, idéal pour se remettre dans le bain. Et puis bien sûr, les éléments toujours aussi puissants. Coucher de lune suivie du lever de soleil, la brise de mer ou encore l’océan, toujours aussi immense et mystérieux, nous nous sommes régalés.

Monica et Sandra nous ont concocté de superbes mets (tacos, poulet curry à l’ananas, riz cantonais) à l’auberge de jeunesse où nous résidions. Les journées ont passé trop vite.

Pour vous dire, ici nous avons repris notre premier taxi et ils sont adorables (voir news du 23 février 2005 « Coup de gueule sur les chauffeurs de taxi »). Le simple fait que tu parles leur langue les enchante et ils sont prêts à te raconter leur vie en l’espace de la course. On n’en a pas mal appris sur les lieux ainsi.

Sylvain a également eu la chance de pouvoir bénéficier de la compétence professionnelle de Sandra et Boris au travers d’une séance de physiothérapie avec dessins à l’appui dans son carnet de route. Cool. Sylvain a même pu expérimenter les talents de coiffeuse de Sandra qui a relevé le défi d’arranger la coupe déplorable que les dreds locks avaient laissée sur Sylvain. Elle l’a fait avec brio.

Voilà passé un beau moment comme le voyage t’en offre si souvent avec à la clé une nouvelle amitié Suisse romande. Qué rico!

Lire également : http://www.jazzphone.ch/boris/20050505%20mexique/mexique.htm puis «Le Pipeline Mexicain», «Le Paradis Existe!» et «La Punta» Monica et Sylvain à l’eau sur la plage de Carrizalillo

Sylvain et Boris surfant la fin de houle sur Carrizalillo

Sandra, coiffeuse émérite

Boris et Sandra, le bonheur intégral

Au centre : Sylvain et Boris avant de se mettre à l’eau

Oaxaca, début d’un nouveau paradigme de voyage

Après dix heures de bus presque local, nous avons retrouvé Sandra et Boris à Oaxaca (www.jazzphone.ch/boris), deux suisses romands qui font également le tour du monde.

Notre rencontre s’est faite de manière tout à fait par hasard. Nous avons appris que l’un et l’autre étaient en voyage en décembre dernier. Puis, au fil du temps, nous nous sommes rendus compte via nos sites Internet respectifs que notre itinéraire allait nous emmener au même endroit à une période similaire. Trop beau pour être vrai et ça a marché! Nous ne nous connaissions pas vraiment auparavant si ce n’est que Boris pratique le parachutisme dans le même club que Sylvain en Suisse. Ca s’arrête là. Nous ne fûmes pas déçus. Nous nous sommes rencontrés tellement de points communs entre nos personnes et nos couples que nous n’avons pas épargné une seconde au profit de l’échange verbal et fraternel. Nos violons se sont accordés si bien que même le plus fin des Stradivarius ne pourrait reproduire une telle harmonie. La cerise sur le gâteau est certainement le pays où l’on s’est rencontré à savoir le Mexique. En effet, son peuple et sa culture ont amené de la magie supplémentaire à ces moments intenses.

Depuis Oaxaca, notre voyage a pris une nouvelle dimension. Celle que nous recherchions depuis le départ qui est celle de la communication profonde avec l’autre, local ou étranger. Favoriser le contact à la visite touristique simple et échanger vivement avec ses habitants. C’est vrai, que nous reste-t-il de ces dizaines de musées aux cent pièces chacun en comparaison avec les heures passées sur les marchés et sur les places publiques à parler avec les habitants et les vendeurs ambulants qui sont la plupart du temps des enfants. Trop peu de choses, c’est certain!

Lire également : http://www.jazzphone.ch/boris/20050505%20mexique/mexique.htm puis « Sylvain, Monica et le miroir » Sandra, Boris, Monica et Sylvain buvant une « aguas frescas » au marché de Tlacolula

Jeune indienne avec sa fille

Vendeuses ambulantes indiennes pliant un hamac

Grand-père aveugle jouant dans la rue accompagné de sa petite-fille

Mexico, la ville aux mille faces, incontournable (suite)

Depuis le Centre de Mexico, nous avons pris un bus pour rejoindre la ville cité de Teotihuacan, qui fut jadis la plus grande cité du Mexique et la capitale du plus grand empire précolombien. On peut y admirer notamment la pyramide du Soleil et celle de la Lune.

La pyramide du Soleil date de 100 après J.-C. C’est la troisième plus grande pyramide au monde après Cholula et Kheops en Egypte. Imaginez-vous, 70 mètres de haut pour 222 mètres de long. Il est intéressant de remarquer que ces pyramides ont été construites en l’honneur des dieux en lesquels ils croyaient, à savoir les éléments (eau, ciel, terre, soleil, lune,…). Le côté obscur est qu’ils faisaient des sacrifices humains (notamment des enfants) pour s’assurer que le soleil brillerait le lendemain. On ne sait finalement que peut de choses sur cette civilisation, ayant disparue avant la conquête espagnole. Au fait, saviez-vous que la conquête espagnole a été faite au nom de l’évangélisation chrétienne. Quelle bassesse, alors que c’était pour financer les guerres qui sévissaient alors en Europe. Paola Cortés Quintero, vendeuse de souvenirs touristiques sur le site de Teotihuacan avec qui nous avons partagé l’espace de quelques instants, quelques moments de sa vie. Emouvant et toujours instructif

Vue sur la place de la Lune et en arrière-plan à gauche sur la pyramide du Soleil

Vendeur ambulant devant la pyramide du Soleil

Mexico, la ville aux mille faces, incontournable

Palais national et Zócalo de Mexico. Ca signifie littéralement «socle». Ce nom apparu après le retrait de la statue du roi d’Espagne Carlos IV (transférée sur la « Plaza Tolsá ») dont il ne restait plus que le piédestal. Le nom est resté et beaucoup de villes mexicaines nomment ainsi leur place principale

Pierre du soleil aztèque Nous avons un peu hésité avant de nous rendre à Mexico. D’une part parce que nous n’aimons pas les villes, que dis-je, les mégapoles, et d’autre part parce que nous avons entendu tellement de mal et d’avertissements sur la sécurité que même Indiana Jones serait dans ses petits souliers. Cependant les richesses que Mexico offre ne peuvent être snobées pour de viles raisons de sécurité, qui mises en perspective, sont largement exagérées.

Du centre historique, au magnifique musée d’anthropologie en passant par la cité précolombienne de « Teotihuacan », Mexico nous a comblés et épuisés. Le centre historique aux dizaines d’édifices à l’architecture indigène « Templo Mayor », coloniale baroque « Palacio Nacional », « Catedral Metrolitana »,…, néoclassique « Palacio de Bellas Artes », aux nombreuses places achalandées en vendeurs ambulants, cireurs de chaussures et passants, permet de voyager dans le temps et mieux comprendre pourquoi le Mexique fait figure d’image de proue en Amérique latine.

En effet, malgré les injustices qui font de ce pays «un pays pauvre », le Mexique et Mexico en particulier ont tout d’une société développée : un métro performant (le moins cher du monde CHF 0.25 la course quelque soit la distance et le troisième plus fréquenté au monde), un réseau routier exploité par des bus de première classe (mieux que ce que l’on a pu connaître en Europe), des chambres d’hôtels hors de prix, des rues relativement propres,…. Cependant, nous sommes un peu déçus de voir que le développement tue l’allégresse. L’exemple des bus est bon. Plus les bus sont de classe supérieur, plus le service et les passagers sont comme aseptisés. Et ici malheureusement, sur beaucoup de tronçons, il n’y a plus de bus dit « locaux ». Citons un cas, pour trouver le bus le moins cher pour aller à Oaxaca, nous avons dû ardemment demander dans deux gares routières pour le bus « économico ». Moralité, nous nous sommes retrouvés avec un bus dont la course nous revenait à la moitié des autres, s’arrêtant à toutes les stations (attention cela signifie là où l’agence a une représentation et non pas lorsque quelqu’un lève la main au bord de la route), faisant 3h30 de plus mais ayant néanmoins télévision et toilettes à bord. Ca reste pour nous un bus de luxe, mais après avoir parlé avec plusieurs personnes des gares routières, il apparaît que les bus poules-bétail locaux n’existent plus sur certains tronçons du Mexique. Ca, ça s’appelle le développement, eh bien merde !

Du centre historique nous nous sommes rendus au musée d’anthropologie qui retrace l’histoire de la terre depuis les dinosaures jusqu’aux peuples indigènes vivant encore aujourd’hui aux quatre coins du Mexique. C’est un petit bijou pour qui s’intéresse un tant soit peu notre race. Nous avons dû malheureusement sélectionner ce que nous voulions voir. Il y avait notamment une exposition temporaire sur les similitudes des sociétés précolombiennes vivant au Mexique et au Pérou se concentrant sur le rôle de la femme dans ces sociétés. Hyper intéressant.

Guadalajara, un rêve devenu trop touristique

Nous nous sommes rendus à Guadalajara pour écouter les sérénades amoureuses des fameux « Mariachis ». Nous avons vite dû nous rendre à l’évidence que l’âme du mariachis a été rattrapée par la manne touristique et trouver un groupe traditionnel qui joue avec ses tripes et non pour les pesos (monnaie mexicaine) qu’il va encaisser à chaque chanson est devenu chose rare.

Nous les avons tout de même pourchassé à travers les différentes places et bars de la ville, jouant aux touristes puis aux voyageurs fauchés (à chacun son rôle lorsqu’il n’y a plus de cœur !).

A part ça, Guadalajara, deuxième ville du Mexique en terme de population, capitale de la Tequila, est une ville avec un centre historique colonial où il fait beau se promener, d’une place à l’autre, d’une église à l’autre. Mariachis de Guadalajara

Les fantômes bruyants de Real de Catorce

Perché à 2752 mètres d’altitude, entouré de toute part de collines désertiques à la lisière de la Sierra Madre Oriental, ce petit village de 1500 âmes occupe les lieux où d’antan (en 1910) plus de 40 000 habitants vivaient. Et avant de se repeupler dans les années 80, seule une centaine de personnes y survivaient d’où son nom de village fantôme. La raison de la désertification des lieux est due à l’exploitation minière qui ne produit plus grand-chose dès 1920.

Real est également un lieu de pèlerinage bien connu des habitants de la région de San Juan de Potosi. L’église dédiée à Saint François d’Assise est connue pour ses miracles.

Nous avons eu droit également aux orages d’été qui sont ponctués par des coups de foudre surpuissants et des averses de grêle. Ca faisait longtemps que nous n’avions pas vécu ce type de phénomène naturel qui nous rappelle à notre petitesse. Nous nous sommes dit que ça devait être les fantômes qui se sentent de plus en plus dérangés par un tourisme croissant ! Nous avons également eu la visite dans notre chambre d’un petit scorpion du désert. Essayant de ne jamais tuer aucun être vivant (moustiques oui !) nous l’avons remis à l’extérieur, histoire de dormir tranquille.

Petite anecdote: un couple helvético-mexicain exploite une auberge appelée « la Mesón de la Abundancia » (la maison de l’abondance) où on y mange très bien dans un style architectural typique colonial minier et à la décoration ornée d’artisanat local. Que croyez-vous que ce bâtiment était à l’époque de l’âge d’or de Real ? Je vous le donne en mille, une banque ! Vue sur Real de 14

Arrivée au panthéon de Real de Catorce

Chihuahua, grandes étendues désertiques, ranchs et bottes de cowboy

Les grands espaces du sud des Etats-Unis et du nord du Mexique nous ont particulièrement impressionné. C’est gigantesque, l’horizon à perte de vue, le désert et les cactus. Cette région de la Sierre Madre Occidental et du plateau central de l’Anáhuac regroupe beaucoup de ranchs de grande importance. Pour s’imprégner de cette culture digne de western, nous avons assisté à une vente aux enchères de bétail organisée par l’association locale de bovins. Nous avons passé une journée instructive en compagnie des paysans locaux avec leur chapeau à large bord et leur ceinture dont la grande boucle arrondie est assortie à la couleur de leurs bottes de cuir. Pour vivre ce type d’expérience, il faut vraiment parler la langue du pays. Vous raconter comment nous sommes atterris là prendrait trop de temps.

Nous avons également renoué avec les dîners romantiques accompagnés de musiciens jouant des boléros. Notamment à la « Casa de los Milagros » (la cour des miracles) où dans la cour intérieure de ce restaurant au style colonial, un trio (deux guitares et une contrebasse) nous a donné la chair de poule et une excitation difficilement contrôlable au son et à la voix des classiques qu’ils jouaient avec un feeling intense. A ceci vous ajoutez les femmes présentes dans le restaurant (inclus Monica) qui accompagnaient en chantonnant avec passion et ferveur ces classiques et vous vous retrouvez sur une autre planète, l’espace de quelques tacos succulents (petite tortilla – fine galette de farine de maïs, accompagnée de haricots, purée d’avocat et de viande).

Chihuahua est également le berceau de la lutte révolutionnaire de la division du nord avec son chef charismatique Pancho Villa. La visite de sa demeure transformée en musée donne une bonne vision de la manière dont les affaires étaient traitées à l’époque (1910-1920). Au fusil et à la baïonnette. Portait et lit de Pancho Villa

Vendeur de rue

L’Amérique latine … ardeur, musique et ferveur religieuse

Local regardant par la fenêtre du train

Canyon du cuivre – nord du Mexique Les conditions dans lesquelles nous avons franchi la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique et effectué les formalités douanières, furent absurdes. En effet, nous avons dû insister avec persévérance pour obtenir un tampon de sortie et un autre d’entrée. Nous nous expliquons. Arrivés à Nogales, ville frontière, nous avons quitté notre transporteur américain « Greyhound » pour monter dans le bus mexicain qui allait nous amener jusqu’à Los Mochis, ville du département du nord de Sinaloa, située entre le golfe de Californie à l’ouest et la Sierre Madre Occidental à l’est. Le bus parvenu à la frontière, il ne s’arrête pas au poste américain et vient se placer devant un couloir réservé aux bus devant le poste frontière mexicain. Ici, la seule procédure de douane consiste à descendre du bus avec tes bagages, presser sur un bouton qui affiche « rien à déclarer » et remonter dans le bus. Et voilà, bienvenue au Mexique.

Si dans les faits, cette procédure nous aurait satisfait, l’expérience démontre qu’il faut éviter de se retrouver sans tampon d’entrée d’un pays non européen. De plus, la paranoïa sécuritaire américaine qui consiste à prendre les empreintes digitales et photographier le migrant à l’aide d’une Webcam n’encourage pas à quitter le pays sans rien dire, du moins, c’est notre point de vue dans un souci de cohérence. Nous avons alors insisté auprès du chauffeur de bus pour descendre et nous rendre au poste américain pour leur rendre notre carte touristique verte et faire tamponner notre passeport, attestant de notre sortie du pays. Arrivés au poste frontière, nous avons dû expliquer aux deux agents américains de service que nous devions rendre notre carte et faire tamponner notre passeport pour être en règle. Après leur avoir répété trois fois la procédure, ils ont eu l’air de trouver nos dires logiques et un des deux officiers nous a amené auprès du bureau d’immigration. Là, l’officier paraissait tout aussi surpris de voir deux petits suisses réclamant le droit de sortir. Il a pris nos deux passeports, les a tamponnés et a retiré les cartes vertes.

En regardant le tampon, nous nous sommes aperçus qu’il disait : « Admited ». Autrement dit, il nous avait fait un tampon d’entrée. On pourrait en faire une bonne satire ! Puis nous sommes allés du côté mexicain. Là, l’officier en charge était en train de manger et nous a dit qu’il n’y avait pas de tampon … parce qu’il mangeait. L’autorité … force, puissance et souveraineté. Que peut-on faire dans ce genre de cas ? Avoir un grand sens de l’humour et entrer dans son jeu ou la ruse consiste à se mettre à genoux verbalement devant son souverain. Nous lui avons dit que nous nous excusions et que ce n’était pas grave. Puis nous avons ajouté : « après tout, un bus entier peut attendre que vous finissiez de manger » et nous sommes partis. Nous n’avons pas fait trois pas qu’il était au comptoir pour nous servir. Voilà, nous clôturons ici le chapitre passage de frontière.

Alors nous voici en Amérique latine. C’est impressionnant de constater à quel point cette grande Amérique latine a de points communs. Nous la connaissons déjà puisque Monica y a vécu vingt et un ans et Sylvain y a voyagé plusieurs fois totalisant une durée de neuf mois. Que de merveilles qui activent notre sang et ravivent en nous une joie de vivre connue. La musique bien sûr, présente à chaque coin de rue et dans tous les bus t’emmenant aux quatre coins du continent, entre boléro, salsa et merengue. La dévotion également qui nous rappelle que la spiritualité religieuse n’est pas que présente en Inde mais également ici. Mais aussi tous ces points négatifs qui rendent l’Amérique latine encore sauvage. La présence policière, militaire et sécuritaire partout rappelle que son histoire n’a cessé d’être une succession de colonisation, révolutions et rebellions. Sans oublier les dictatures. Les barreaux systématiques aux fenêtres du rez-de-chaussée te rappellent qu’il faut demander jusqu’à quelle heure il est plus ou moins sûr de se trouver dans la rue. La pauvreté aussi, devenue aujourd’hui encore plus insupportable qu’auparavant car elle côtoie de manière effrontée une richesse affichée d’une partie de la société latino américaine. Bref, nous reviendrons prochainement sur ces aspects sociétaux.

Depuis Los Mochis, nous avons pris le train du pacifique, reliant Los Mochis à Chihuahua en passant par le Canyon du Cuivre. En fait, il y a une vingtaine de canyons creusés par au moins six cours d’eau dans la Sierra Tarahumara. Neuf d’entre eux sont plus profond que le Grand Canyon d’Arizona ! Nous avons eu tout le temps d’apprécier ces superbes paysages depuis le train. Il circule en effet entre 25 et 40 kilomètres heure. Ce qui fait que l’on a mis vingt heures pour couvrir les six cent trente km de trajet. Nous qui nous étions juré de ne plus faire des voyages de nuits, nous avons déjà passé trois nuits dans le train et les bus depuis notre arrivée au Mexique. Comme quoi, rien n’est certain et encore moins définitif !