San Cristobal de las Casas et sa dure réalité

Centre à l’architecture coloniale

Indiennes rentrant dans leur bidonville, loin du joli centre

Loin du centre, la communauté pauvre indienne

Centre à l’architecture coloniale Nous avons laissé Boris et Sandra (sniff, sniff) qui ont continué leur chemin vers le nord. Pour notre part, nous avons pris le chemin du sud en direction du Chiapas avec comme destination finale San Cristobal de las Casas.

Endroit touristique par excellence, San Cristobal n’en a néanmoins pas perdu son charme. Style architectural colonial typique aux façades colorées de teintes chaleureuses et population indienne majoritaire créent un patchwork tout à fait pittoresque. Cependant, la beauté de ce tableau à la Rivera, cache une réalité paysanne indienne déplorable. Faire la révolution aujourd’hui devient difficile. Le fossé des armes qu’il y a entre les armées d’état et celles des guérilleros est disproportionné. Nous avons longuement discuté avec le jeune homme Maya qui vendait les tickets d’entrée du Musée du centre de développement de la médecine Maya. Il était très remonté contre son gouvernement et contre les étrangers. On pouvait noter dans ses propos une certaine haine. En discutant avec lui, on se rend compte que la lutte menée par les Zapatistes depuis 1994 semble vaine (oui la lutte continue et ne s’est pas terminée en 2001). Encerclée et contrôlée par l’armée mexicaine, le seul moyen d’action de la guérilla reste Internet et les discours politiques. Certes, ils ont néanmoins obtenu certains privilèges depuis, mais rien qui fasse de leur statut un peuple digne.

Cependant, en écoutant ce jeune, nous nous sommes rendus compte qu’il n’était pas prêt non plus à jouer le jeu de la société mexicaine (la voie politique ou économique) pour améliorer les conditions de vie des indigènes. En gros, il demande simplement qu’ils puissent vivre de manière autonome. Nous n’avons pas senti de conviction en lui, nous avons eu mal aux tripes pour lui. Nous avions l’impression de vivre avec plus d’émotion son problème que lui-même, résigné à une certaine fatalité avec seulement des mots faciles de colère et de haine envers une injustice flagrante. Il est clair que nous nous trouvons ici au Chiapas dans une région vérolée par la corruption, avec un sol riche au nom duquel des déplacements de population indigène sont ordonnées sans aucune considération humaine. Dans une certaine mesure, ils sont encore considérés comme des esclaves, c’est vrai. Cependant, pour la défense de mon peuple, je m’investirai pour exploiter la richesse de mes terres ou pour organiser la vie touristique y relative. Car il semblerait que le tou-tou de base vient ici pour photographier des indigènes, mais l’argent du même tou-tou ne retombe pas directement dans les communautés photographiées.

Nous avons également discuté avec Maria, 7 ans et sa petite sœur Martha, 5 ans, toutes les deux vendeuses ambulantes d’artisanat sur la place principale. Il était environ 21h30. Elles étaient bien sûr tellement chou qu’on les aurait adoptées sur le champ. Malheureusement, leur réalité est tout autre. Pas d’école, elles tissent le matin avec leur famille pour aller vendre l’après-midi et le soir. Et lorsque tu leur demandes ce qu’elles font avec l’argent qu’elles gagnent, elles te répondent qu’elles le donnent à leur Maman. Elles étaient sales et leurs sandales étaient très abîmées. Pour elles, pas de jouet, pas de copine d’école, leur enfance est le pavé et le touriste pour glaner des pesos. Super!

Ca devient très dur de voyager dans ces conditions. En parlant la langue, nous nous rendons compte de toutes ces injustices, ce racisme, cette indigence d’esprit qui rendent notre progression difficile. Nous vous le promettons, c’est triste et dur. L’ignorance fait l’apanage des dictatures. Aujourd’hui elle fait l’apanage d’un des volets les plus obscurs de la mondialisation. L’exploitation et le rendement à tout prix! L’éducation, il n’y a que ça de vrai! Mais lorsque l’on sait que la terre, en terme de ressources énergétiques, ne peut pas assurer l’état providence pour tous, nous devons nous rendre à l’évidence de la chimère que représente un combat pour les droits des pauvres. Quelle tristesse! Nous nous demandons sérieusement dès lors comment nous devrions agir?

Bref, nous partons le cœur endolori pour Palenque…