Archives de catégorie : Sous-continent indien

Bilan des 100 jours

Scène quotidienne en Inde, chaos urbain avec ses vaches etc A l’instar des politiciens nous faisons notre bilan des 100 jours. 100 jours à la tête de notre propre destinée à travers le monde. 100 jours de bonheur, de difficultés, de merveilles et de douleurs. 100 jours avec le monde, avec son peuple contrairement cette fois aux politiciens. Incursion dans des vies qui nous étaient parfaitement inconnues en Suisse.

A l’opposé des politiciens, nous n’allons pas mentir, ni essayer de vous démontrer par x ou y que nous avons fait ce que nous avions prôné. Ce qui a été, fut. Nous avons simplement écouté, partagé avec la modestie de notre cœur les instants offerts.

Pour ne pas tomber dans le cliché carte postale du voyage touristique (peut-être présent dans les news précédentes), nous allons essayer ici de décrire quelques uns de nos sentiments, ce qui ressort des entrailles, ce que nous avons imposé à nos cinq sens sur le sous-continent indien.

En premier lieu la pauvreté omniprésente nous a accompagnée durant quatre mois et épuise littéralement. C’est triste à dire mais on s’y habitue et on vit avec, même si au fond de nous, on sent que cette spirale infernale empêche notre bonheur d’être complet.

Le problème de la pauvreté est à la fois simple et complexe. En Inde les gens disent qu’il y trop de monde pour qu’ils puissent s’occuper des pauvres via un service social digne de ce nom. Dès lors chacun essaie de sauver sa propre peau et s’en fout de l’autre. La vie ici ne vaut pas grand chose. Nous sommes bien loin du « cadeau » de la vie. L’Inde cultive le paradoxe avec des personnages comme Gandhi et de l’autre côté une corruption innommable. Lorsque l’on dit que l’on vient de Suisse, la première image est celle de l’argent sale planqué par de richissimes indiens. Où sont passé Heidi et ses verts pâturages ! En réalité le gouvernement n’assurent pas sa fonction première qui est: organiser la vie sociale qui comprend notamment le bien-être de la population et garantir des infrastructures performantes. Là est la clé. Bien avant de venir donner du riz dans la rue à des assistés, il faudrait s’ingérer dans le gouvernement et l’obliger à faire son travail d’une manière appropriée (services sociaux, éducation, réseau routier, irrigation et épuration des eaux,…) et non pas soutirer de l’argent à son peuple par tous les moyens et à tous les échelons. La plaie de ces pays est certainement l’individualisme des plus riches qui ne pensent qu’à leur bien-être. Les conséquences de cette organisation sont graves. A Bombay seulement vivent plus de quatre millions d’inconnus dans des bidonvilles. Ils ne sont jamais nés pour le gouvernement. Les moins chanceux verront leurs yeux crevés ou leurs bras amputés pour servir à la mafia et à son école de la mendicité. Un bébé dans les bras d’une femme demandant du lait pour son bébé sans yeux est tellement plus attendrissant aux yeux du public. Le pire est que le lait est ensuite revendu pour générer du cash. On ne se pose ici même pas la question de l’éducation. La success story du pauvre qui a réussi ne justifie en rien que l’on ignore les autres prétextant que chacun a sa chance, c’est faux. La surpopulation et le contrôle des naissances est certainement un enjeu pour le futur. Pour terminer, certains pensent que les enjeux géostratégiques aujourd’hui faussent la donne et empêche les pays à agir selon leurs propres valeurs. Nous ne sommes pas complètement en désaccord avec cette théorie. D’où la complexité citée en introduction. Un intellectuel égyptien nous a donné l’exemple du Soudan. Il prétend notamment que les USA favorisent l’instabilité dans cette région du monde en finançant des groupes armés pour que les pays soient sous leur joug. Est-ce vrai ? Pour nous ça fera toujours partie de ces mystères qui resteront à jamais secrets !

La pollution également est étouffante sur le sous-continent. En voyageant local, nous terminons chacun de nos voyages avec les muqueuses noires. Nous avons l’impression que la nature suffoque. Dans les villes, c’est pareil. Une journée avec un habit blanc suffit pour qu’il termine recouvert d’une fine cape noire.

Une autre particularité du sous-continent qui tend également à épuiser les plus endurants sont les règles de circulation. A notre avis, il doit y en avoir qu’une. Klaxonner (minimum 40 fois par minute) et que le plus fort gagne. C’est de la folie, sans boulle quiès, c’est un véritable cauchemar. De plus, les femmes et les enfants vomissent souvent dans les bus.

La culture y est richissime et son peuple est à la fois accueillant et spécial. Notre couple présente la particularité du mélange. Monica, métisse et Sylvain blanc. De plus, Monica ressemble à une locale dans chacun des pays traversés jusqu’à présent (la preuve est qu’à chaque fois on nous a demandé si elle était locale). Ceci n’a pas forcément aidé dans une culture de caste, souvent sectaire et très fermée concernant la vie de couple. En effet il est plus courant de voir deux personnes de même sexe se donner la main dans la rue que deux personnes de sexe opposé. Vous pouvez imaginer un blanc avec une métisse, chaud devant ! Nous avons dû accepter les millions de regards ahuris et surpris sur notre passage.

Spécial aussi, parce qu’ils ont pour habitude de jeter partout leurs détritus et déchets (surtout en Inde – voir l’état d’un train à l’arrivée d’un trajet !), parce qu’ils raclent leur salive jusqu’au plus profond de leur gorge (dans un bruit infernal) avant de cracher n’importe où, parce qu’ils rotent naturellement à tout moment, etc. Tout ceci contribue à une hygiène déficitaire.

Il y a tellement plus à dire et vous n’avez tellement plus de temps pour lire que nous allons nous arrêter là. Vous pouvez toujours nous retrouver sur MSM Messenger pour chater.

A part ça, nous sommes enchantés par ces quatre premiers mois sur le sous-continent indien mais contrairement à des voyageurs rencontrés en route, nous ne sommes pas si optimistes concernant le mirifique développement futur de ces pays.

A la prochaine, pour les 300 jours. Aloha !

Bangladesh, terres d’exploration

Littéralement la terre des Bengalies, le Bangladesh est le pays des records. Tristes pour la plupart. Selon les Nations Unies, c’est le pays le plus corrompu au … monde, Dhaka, la capitale, est la ville la plus polluée au … monde et sa population est la plus dense au m2 au … monde. Ca fait beaucoup de raisons pour que le touriste étranger choisisse avant une autre destination pour ses vacances. A tord certainement. En effet, en dépit de ces tristes records, le pays et sa population méritent qu’on leur prête attention. Voyager au Bangladesh fait de vous un pionnier. Vous avez un peu l’impression de ressentir ce que d’autres ont vécu dans les années 60 alors qu’ils partaient pour Goa, Bali ou Kathmandu. La population de toute classe confondue vous demandera la fameuse question « d’où venez-vous ? » (environ 40 fois par jour). Il suffit de vous arrêter quinze secondes pour consulter votre guide pour que se forme autour de vous un cercle de vingt à trente personnes à l’air ahuri. Certains vous toucheront. Des lors vous devenez un peu les stars locales et on se fera un plaisir de vous aider. Nous avons même été interviewé par la télévision à deux reprises pour parler du tourisme au Bangladesh. Vendeur de poissons sur l’île de St-Martin

Bihar, visage de la pauvreté indienne

Nous avons traversé de part en part ce département de l’Inde, connu pour être l’un des plus pauvres. Le 75% de la population travaillent dans l’agriculture. Pour illustrer la pauvreté, l’état des routes est un bon indicateur. Le cheval et les charrettes sont des moyens de transport encore beaucoup utilisés avec le vélo. On ne voit ici que peu de voitures. Les gens se déplacent aussi en jeep. En général, ils arrivent à se mettre 30 à 40 dans une jeep faite pour 10 personnes. Il y a des gens partout agrippés autour, inclus sur le capot avant et le toit. Nous avons fait par exemple 8h00 pour parcourir 200 km. La photo ci-dessous montre l’état des routes principales reliant les principales villes.

Népal, randonnée au sanctuaire de l’Annapurna I

Nos neuf jours de randonnée furent magnifiques. Quatre à sept heures de marche par jour dans un paysage passant de la jungle himalayenne à la haute montagne. Dormir dans des refuges de montagne à 3800 mètres d’altitude avec dans la chambre quelque 0 degré (grrrrrrr, toutes les couches furent utiles). Le spectacle des astres célestes et le lever du soleil par moins 11 degrés à 4200 mètres furent sans conteste le clou du spectacle. Les éléments, encore et toujours. Le Macchapuchare (Montagne sacrée – 6993m) au coucher du soleil

Népal, sommet du monde

Passer les frontières par voies terrestres est intéressant. Le changement d’un pays à l’autre est souvent radical. Cela apparaît étrange de prime abord mais en découvrant la culture de chaque pays, ça s’explique par la suite. Le Népal nous est apparu comme une bulle d’air, sorte de vacances dans le voyage. Nous avons planifié de rester environ trois semaines pour notamment faire un trek dans l’Himalaya. Donc pas vraiment de temps à perdre ! Nous avons passé quelques jours à Kathmandu puis nous nous sommes rendus à Pokhara pour ensuite partir pour la randonnée du sanctuaire des Annapurnas. Le tourisme ayant été exploité jusqu’à son paroxysme dans les années 90, notre séjour fut des plus commun là-bas. Depuis 1996, la rébellion maoïste a réduit le nombre de voyageurs dans le pays. Cependant aucun touriste n’est décédé pour cette cause depuis cette date. Le seul désagrément peut être de se faire voler ou se voir obligé de payer une taxe révolutionnaire (avec quittance à l’appui). Lors de notre séjour, la route Kathmandu-Pokhara fut fermée durant trois jours à cause d’affrontement entre l’armée et des factions rebelles faisant plus de 45 morts !

La population locale des endroits visités vit avec le tourisme. Ca n’enlève rien au charme de sa population et à ses merveilleux paysages montagneux. Au Népal, vous passez de 200 mètres d’altitude à plus de 8000 mètres. La population népalaise ressemble étonnamment aux indiens des Andes. Temple bouddhiste de Swayambhunath, Kathmandu, Népal

La ville sacrée de Varanasi (Bénarès) (suite)

Les gaths en général sont des escaliers donnant accès au fleuve. Ils s’étendent sur plus de 7 km. On y vient pour prier, se laver, se purifier, se raser, jouer au cricket, laver son linge, faire l’aumône aux saddhus, pratiquer le yoga, faire sécher des bouses de vaches… ou regarder ce spectacle coloré.

Une autre dure réalité est l’étouffement du Gange par la pollution. Sur 7 km, trente égouts déversent les déchets de deux millions de personnes. Des plastiques, des ordures sont déversées dans le fleuve recouvert à certains endroits d’une nappe huileuse. Le taux de bactéries tolérable pour 100 ml d’eau est de 500. Le Gange en contient 1’500’000 par 100 ml !!! Les locaux boivent cette eau car elle est sacrée à leurs yeux. Muna, alors que l’on remontait le fleuve sur une barque, a plongé sa main dans l’eau pour s’abreuver de cet élixir divin. Quelques mètres auparavant flottaient plusieurs bouses de vaches…

Un soir nous avons assisté à un concert de tabla et cithare chez Muna. Ce fut mémorable, absolument fantastique. En comparaison on avait également des concerts tous les soirs mais ça n’avait rien à voir. Ils jouaient avec un feeling et une énergie qui te prenaient aux tripes. Ce genre de moments qui te marquent et te remplissent de joie. Du pur bonheur ! Merci. Bien qu’interdit, voici une photo d’une crémation de corps

La ville sacrée de Varanasi (Bénarès)

De Agra, nous avons pris un train de nuit (couchettes) jusqu’à Bénarès. Initialement nous devions arriver à huit heures, dans la réalité le train est entré en gare à une heure et demi de l’après-midi. Nous vous rassurons, c’est normal! Ca fait partie du voyage. Varanasi est une ville vraiment particulière. Y rester quelques jours vaut vraiment la peine.

Une rencontre avec une personne formidable nous a permis de nous imprégner du mysticisme de cette ville antique. Muna, un professeur de tabla (sorte de tam tam indien) dont la famille exploite également une maison d’hôtes, nous a emmené là où notre curiosité nous attirait. Sa famille, étant une des plus anciennes castes, celle des Singh (combattants), est respectée dans son quartier. Cette zone abrite le gath de crémation le plus important et le plus ancien de Varanasi. Un gath de crémation est un endroit où l’on brûle des cadavres sur un bûcher à l’air libre pour ensuite jeter les cendres dans le fleuve «Gange» dont les eaux ont un pouvoir purificateur. Cette pratique permet de rompre le cycle des réincarnations et accéder au Nirvana. Mais tous ne se font pas incinérer. Trois catégories de morts « sacrés » voient leur corps jeté entier dans le Gange. Ce sont les femmes enceintes et les enfants, les gens qui dédient leur vie à la spiritualité (sadhhus, prêtre, moines…) et les personnes mortes par piqûre de serpent. Ils croient qu’une personne piquée par un serpent tombe dans un coma profond que seul une autre morsure de serpent peut réanimer. Le son des flûtes appelle les serpents qui peuvent venir en nombre pour entrer dans les eaux du fleuve et ramener les morts par morsure à la vie en les mordant à nouveau. C’est ça le mysticisme indien! Un des gaths

Agra et le Taj Mahal

Pourquoi ce titre? Eh bien car dans la ville d’Agra, il n’y a guère d’autre chose à faire que la visite du célèbre monument funéraire et de quelques autres sites datant également d’une autre époque!

Cet immense mausolée de marbre blanc a été édifié entre 1631 et 1648 sur l’ordre de l’empereur Moghol Shah Jahan pour perpétuer le souvenir de son épouse favorite, morte en couches. Le Taj Mahal, joyau le plus parfait de l’art musulman en Inde, est l’un des chefs-d’oeuvre universellement admirés du patrimoine de l’humanité. Malheureusement la beauté et la grandeur d’une telle œuvre est ternie par le prix payé par ses artisans. En effet, l’empereur ordonna qu’on leur coupe les doigts ou les mains une fois l’ouvrage terminé afin qu’ils ne puissent pas reproduire leur art.

A l’image du reste de l’Inde, le prix d’entrée est quelque peu paradoxal! 20 roupies pour les Indiens et 750 roupies pour les non Indiens. Et ceci soit disant pour limiter le nombre de touristes visitant le site, car trop de poids sur la dalle en marbre du mausolée le met en péril! Un seul problème: 90% des visiteurs sont indiens. Donc il vaudrait mieux appliquer ce système de tarification à l’inverse. Bref ça fait partie de l’aporie indienne. Taj Mahal, Agra, Inde

Changements climatiques

La Suisse n’est pas la seule à souffrir au niveau climatique. Je me souviens que les sept premiers mois passé en Suisse cette année furent plutôt chaotiques. Si j’ai bon souvenir, le nombre des week-ends ensoleillés durant cette période peut se compter sur les dix doigts des mains. Notre ancienne voisine de Clarens nous disait juste avant notre départ que depuis l’an 2000, le temps n’en fait qu’à sa tête et a perdu de sa régularité.

Je disais donc que la Suisse n’est pas la seule dans ce cas de figure. En Inde, les spécialistes avaient prédit une bonne mousson 2004. Quenini, les pluies n’ont pas été abondantes. De ces pluies dépendent la richesse des récoltes. L’agriculture est un secteur important de l’économie indienne (26% du PNB et 65% de la main d’œuvre). Les effets climatiques sont donc déterminants. Plusieurs facteurs sont incriminés. Il semblerait que les effets d’ «El Niño» dans le pacifique y soient pour quelque chose. On se trouve donc avec un problème à l’échelle mondiale. Il est grand temps de prendre conscience des impacts de notre existence sur notre environnement. Et ceci pas seulement pour notre région mais ailleurs aussi. Le lac Pichola D’Udaipur asséché dû à la mauvaise mousson 2004. Ce lac est le principal attrait touristique de la ville. Il y donne un romantisme sans égal avec son île et son Lake Palace qui s’y reflètent dessus