Archives de catégorie : Amérique du nord

Mexico, la ville aux mille faces, incontournable

Palais national et Zócalo de Mexico. Ca signifie littéralement «socle». Ce nom apparu après le retrait de la statue du roi d’Espagne Carlos IV (transférée sur la « Plaza Tolsá ») dont il ne restait plus que le piédestal. Le nom est resté et beaucoup de villes mexicaines nomment ainsi leur place principale

Pierre du soleil aztèque Nous avons un peu hésité avant de nous rendre à Mexico. D’une part parce que nous n’aimons pas les villes, que dis-je, les mégapoles, et d’autre part parce que nous avons entendu tellement de mal et d’avertissements sur la sécurité que même Indiana Jones serait dans ses petits souliers. Cependant les richesses que Mexico offre ne peuvent être snobées pour de viles raisons de sécurité, qui mises en perspective, sont largement exagérées.

Du centre historique, au magnifique musée d’anthropologie en passant par la cité précolombienne de « Teotihuacan », Mexico nous a comblés et épuisés. Le centre historique aux dizaines d’édifices à l’architecture indigène « Templo Mayor », coloniale baroque « Palacio Nacional », « Catedral Metrolitana »,…, néoclassique « Palacio de Bellas Artes », aux nombreuses places achalandées en vendeurs ambulants, cireurs de chaussures et passants, permet de voyager dans le temps et mieux comprendre pourquoi le Mexique fait figure d’image de proue en Amérique latine.

En effet, malgré les injustices qui font de ce pays «un pays pauvre », le Mexique et Mexico en particulier ont tout d’une société développée : un métro performant (le moins cher du monde CHF 0.25 la course quelque soit la distance et le troisième plus fréquenté au monde), un réseau routier exploité par des bus de première classe (mieux que ce que l’on a pu connaître en Europe), des chambres d’hôtels hors de prix, des rues relativement propres,…. Cependant, nous sommes un peu déçus de voir que le développement tue l’allégresse. L’exemple des bus est bon. Plus les bus sont de classe supérieur, plus le service et les passagers sont comme aseptisés. Et ici malheureusement, sur beaucoup de tronçons, il n’y a plus de bus dit « locaux ». Citons un cas, pour trouver le bus le moins cher pour aller à Oaxaca, nous avons dû ardemment demander dans deux gares routières pour le bus « économico ». Moralité, nous nous sommes retrouvés avec un bus dont la course nous revenait à la moitié des autres, s’arrêtant à toutes les stations (attention cela signifie là où l’agence a une représentation et non pas lorsque quelqu’un lève la main au bord de la route), faisant 3h30 de plus mais ayant néanmoins télévision et toilettes à bord. Ca reste pour nous un bus de luxe, mais après avoir parlé avec plusieurs personnes des gares routières, il apparaît que les bus poules-bétail locaux n’existent plus sur certains tronçons du Mexique. Ca, ça s’appelle le développement, eh bien merde !

Du centre historique nous nous sommes rendus au musée d’anthropologie qui retrace l’histoire de la terre depuis les dinosaures jusqu’aux peuples indigènes vivant encore aujourd’hui aux quatre coins du Mexique. C’est un petit bijou pour qui s’intéresse un tant soit peu notre race. Nous avons dû malheureusement sélectionner ce que nous voulions voir. Il y avait notamment une exposition temporaire sur les similitudes des sociétés précolombiennes vivant au Mexique et au Pérou se concentrant sur le rôle de la femme dans ces sociétés. Hyper intéressant.

Guadalajara, un rêve devenu trop touristique

Nous nous sommes rendus à Guadalajara pour écouter les sérénades amoureuses des fameux « Mariachis ». Nous avons vite dû nous rendre à l’évidence que l’âme du mariachis a été rattrapée par la manne touristique et trouver un groupe traditionnel qui joue avec ses tripes et non pour les pesos (monnaie mexicaine) qu’il va encaisser à chaque chanson est devenu chose rare.

Nous les avons tout de même pourchassé à travers les différentes places et bars de la ville, jouant aux touristes puis aux voyageurs fauchés (à chacun son rôle lorsqu’il n’y a plus de cœur !).

A part ça, Guadalajara, deuxième ville du Mexique en terme de population, capitale de la Tequila, est une ville avec un centre historique colonial où il fait beau se promener, d’une place à l’autre, d’une église à l’autre. Mariachis de Guadalajara

Les fantômes bruyants de Real de Catorce

Perché à 2752 mètres d’altitude, entouré de toute part de collines désertiques à la lisière de la Sierra Madre Oriental, ce petit village de 1500 âmes occupe les lieux où d’antan (en 1910) plus de 40 000 habitants vivaient. Et avant de se repeupler dans les années 80, seule une centaine de personnes y survivaient d’où son nom de village fantôme. La raison de la désertification des lieux est due à l’exploitation minière qui ne produit plus grand-chose dès 1920.

Real est également un lieu de pèlerinage bien connu des habitants de la région de San Juan de Potosi. L’église dédiée à Saint François d’Assise est connue pour ses miracles.

Nous avons eu droit également aux orages d’été qui sont ponctués par des coups de foudre surpuissants et des averses de grêle. Ca faisait longtemps que nous n’avions pas vécu ce type de phénomène naturel qui nous rappelle à notre petitesse. Nous nous sommes dit que ça devait être les fantômes qui se sentent de plus en plus dérangés par un tourisme croissant ! Nous avons également eu la visite dans notre chambre d’un petit scorpion du désert. Essayant de ne jamais tuer aucun être vivant (moustiques oui !) nous l’avons remis à l’extérieur, histoire de dormir tranquille.

Petite anecdote: un couple helvético-mexicain exploite une auberge appelée « la Mesón de la Abundancia » (la maison de l’abondance) où on y mange très bien dans un style architectural typique colonial minier et à la décoration ornée d’artisanat local. Que croyez-vous que ce bâtiment était à l’époque de l’âge d’or de Real ? Je vous le donne en mille, une banque ! Vue sur Real de 14

Arrivée au panthéon de Real de Catorce

Chihuahua, grandes étendues désertiques, ranchs et bottes de cowboy

Les grands espaces du sud des Etats-Unis et du nord du Mexique nous ont particulièrement impressionné. C’est gigantesque, l’horizon à perte de vue, le désert et les cactus. Cette région de la Sierre Madre Occidental et du plateau central de l’Anáhuac regroupe beaucoup de ranchs de grande importance. Pour s’imprégner de cette culture digne de western, nous avons assisté à une vente aux enchères de bétail organisée par l’association locale de bovins. Nous avons passé une journée instructive en compagnie des paysans locaux avec leur chapeau à large bord et leur ceinture dont la grande boucle arrondie est assortie à la couleur de leurs bottes de cuir. Pour vivre ce type d’expérience, il faut vraiment parler la langue du pays. Vous raconter comment nous sommes atterris là prendrait trop de temps.

Nous avons également renoué avec les dîners romantiques accompagnés de musiciens jouant des boléros. Notamment à la « Casa de los Milagros » (la cour des miracles) où dans la cour intérieure de ce restaurant au style colonial, un trio (deux guitares et une contrebasse) nous a donné la chair de poule et une excitation difficilement contrôlable au son et à la voix des classiques qu’ils jouaient avec un feeling intense. A ceci vous ajoutez les femmes présentes dans le restaurant (inclus Monica) qui accompagnaient en chantonnant avec passion et ferveur ces classiques et vous vous retrouvez sur une autre planète, l’espace de quelques tacos succulents (petite tortilla – fine galette de farine de maïs, accompagnée de haricots, purée d’avocat et de viande).

Chihuahua est également le berceau de la lutte révolutionnaire de la division du nord avec son chef charismatique Pancho Villa. La visite de sa demeure transformée en musée donne une bonne vision de la manière dont les affaires étaient traitées à l’époque (1910-1920). Au fusil et à la baïonnette. Portait et lit de Pancho Villa

Vendeur de rue

L’Amérique latine … ardeur, musique et ferveur religieuse

Local regardant par la fenêtre du train

Canyon du cuivre – nord du Mexique Les conditions dans lesquelles nous avons franchi la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique et effectué les formalités douanières, furent absurdes. En effet, nous avons dû insister avec persévérance pour obtenir un tampon de sortie et un autre d’entrée. Nous nous expliquons. Arrivés à Nogales, ville frontière, nous avons quitté notre transporteur américain « Greyhound » pour monter dans le bus mexicain qui allait nous amener jusqu’à Los Mochis, ville du département du nord de Sinaloa, située entre le golfe de Californie à l’ouest et la Sierre Madre Occidental à l’est. Le bus parvenu à la frontière, il ne s’arrête pas au poste américain et vient se placer devant un couloir réservé aux bus devant le poste frontière mexicain. Ici, la seule procédure de douane consiste à descendre du bus avec tes bagages, presser sur un bouton qui affiche « rien à déclarer » et remonter dans le bus. Et voilà, bienvenue au Mexique.

Si dans les faits, cette procédure nous aurait satisfait, l’expérience démontre qu’il faut éviter de se retrouver sans tampon d’entrée d’un pays non européen. De plus, la paranoïa sécuritaire américaine qui consiste à prendre les empreintes digitales et photographier le migrant à l’aide d’une Webcam n’encourage pas à quitter le pays sans rien dire, du moins, c’est notre point de vue dans un souci de cohérence. Nous avons alors insisté auprès du chauffeur de bus pour descendre et nous rendre au poste américain pour leur rendre notre carte touristique verte et faire tamponner notre passeport, attestant de notre sortie du pays. Arrivés au poste frontière, nous avons dû expliquer aux deux agents américains de service que nous devions rendre notre carte et faire tamponner notre passeport pour être en règle. Après leur avoir répété trois fois la procédure, ils ont eu l’air de trouver nos dires logiques et un des deux officiers nous a amené auprès du bureau d’immigration. Là, l’officier paraissait tout aussi surpris de voir deux petits suisses réclamant le droit de sortir. Il a pris nos deux passeports, les a tamponnés et a retiré les cartes vertes.

En regardant le tampon, nous nous sommes aperçus qu’il disait : « Admited ». Autrement dit, il nous avait fait un tampon d’entrée. On pourrait en faire une bonne satire ! Puis nous sommes allés du côté mexicain. Là, l’officier en charge était en train de manger et nous a dit qu’il n’y avait pas de tampon … parce qu’il mangeait. L’autorité … force, puissance et souveraineté. Que peut-on faire dans ce genre de cas ? Avoir un grand sens de l’humour et entrer dans son jeu ou la ruse consiste à se mettre à genoux verbalement devant son souverain. Nous lui avons dit que nous nous excusions et que ce n’était pas grave. Puis nous avons ajouté : « après tout, un bus entier peut attendre que vous finissiez de manger » et nous sommes partis. Nous n’avons pas fait trois pas qu’il était au comptoir pour nous servir. Voilà, nous clôturons ici le chapitre passage de frontière.

Alors nous voici en Amérique latine. C’est impressionnant de constater à quel point cette grande Amérique latine a de points communs. Nous la connaissons déjà puisque Monica y a vécu vingt et un ans et Sylvain y a voyagé plusieurs fois totalisant une durée de neuf mois. Que de merveilles qui activent notre sang et ravivent en nous une joie de vivre connue. La musique bien sûr, présente à chaque coin de rue et dans tous les bus t’emmenant aux quatre coins du continent, entre boléro, salsa et merengue. La dévotion également qui nous rappelle que la spiritualité religieuse n’est pas que présente en Inde mais également ici. Mais aussi tous ces points négatifs qui rendent l’Amérique latine encore sauvage. La présence policière, militaire et sécuritaire partout rappelle que son histoire n’a cessé d’être une succession de colonisation, révolutions et rebellions. Sans oublier les dictatures. Les barreaux systématiques aux fenêtres du rez-de-chaussée te rappellent qu’il faut demander jusqu’à quelle heure il est plus ou moins sûr de se trouver dans la rue. La pauvreté aussi, devenue aujourd’hui encore plus insupportable qu’auparavant car elle côtoie de manière effrontée une richesse affichée d’une partie de la société latino américaine. Bref, nous reviendrons prochainement sur ces aspects sociétaux.

Depuis Los Mochis, nous avons pris le train du pacifique, reliant Los Mochis à Chihuahua en passant par le Canyon du Cuivre. En fait, il y a une vingtaine de canyons creusés par au moins six cours d’eau dans la Sierra Tarahumara. Neuf d’entre eux sont plus profond que le Grand Canyon d’Arizona ! Nous avons eu tout le temps d’apprécier ces superbes paysages depuis le train. Il circule en effet entre 25 et 40 kilomètres heure. Ce qui fait que l’on a mis vingt heures pour couvrir les six cent trente km de trajet. Nous qui nous étions juré de ne plus faire des voyages de nuits, nous avons déjà passé trois nuits dans le train et les bus depuis notre arrivée au Mexique. Comme quoi, rien n’est certain et encore moins définitif !

Skydive AZ, base des meilleures parachutistes au monde

Voilà pourquoi nous sommes aux USA. Non seulement un point de départ pour notre voyage en Amérique latine mais aussi l’opportunité pour Sylvain de sauter en parachute, histoire de ne pas perdre sa licence.

Un parachutiste peut difficilement rêver mieux. Des avions qui montent tous les jours de 8h00 au coucher du soleil à 4000 mètres sol, en 15 minutes. Des plieurs de parachutes pour ceux qui trouveraient cette tâche embêtante ou fatigante (c’est vrai qu’après 12 sauts dans la journée, les bras commencent à fatiguer). Un magasin qui ne vend que des articles de parachutisme. Un organisateur de la journée pour ne pas sauter seul, que tu fasses du vol relatif ou du freefly. Un hangar de pliage gigantesque et beaucoup plus encore. Mais surtout, surtout, du soleil tous les jours. Ici, il n’y a pas besoin de faire le point météo la veille ou le matin pour savoir si tu peux sauter. Une merveille.

Corollaire: trois semaines, 115 sauts et le sourire jusqu’aux oreilles.

Monica, elle, en a profité pour traduire le site en espagnol en vue de notre arrivée en Amérique latine. Sylvain « tête en bas » dans le ciel d’Arizona

L’Amérique en bus, voyage au cœur d’une Amérique défavorisée

Nous avons pris le bus de Los Angeles (Californie) à Phoenix (Arizona). C’est le moyen de transport du pauvre ici, les Greyhound (www.greyhound.com). Eh oui, qui est celui qui n’a pas au moins une voiture aux Etats-Unis alors que cette dernière fait partie intégrante de la culture du pays ? Ca explique en partie la furie de l’or noir créant tant de haine dans le monde et laissant des milliers de cadavres innocents.

Tout d’abord, nous avons pris le bus public de Venice Beach à Downtown L.A (centre ville). Les fameux Metro rendus célèbres dans de nombreux films notamment « Speed » avec Keanu Reeves. Nous avons fait une heure trente de bus compactés avec des latinos, des afro-américains, des asiatiques et quelques blancs. A un arrêt, un handicapé afro-américain a voulu monter dans le bus et personne n’a voulu faire de la place pour qu’il puisse monter. Seul une dame a crié de l’arrière « qu’il y avait assez de place et qu’il fallait le laisser monter ». Péniblement les gens se sont serrés et bougés pour qu’il puisse se faufiler avec sa chaise entre les passagers. Finalement, il n’a pas réussi à joindre l’endroit réservé aux handicapés et est resté à l’avant du bus, mon pied et celui d’une autre passagère lui servant de calle. Nous avons été déçus de l’attitude de certains passagers. Mais au vu des têtes de truands que certains avaient, nous sommes restés muets…

Puis le Greyhound. Nous avons découvert l’Amérique des défavorisés. Des gens merveilleux, mais souvent stéréotypés et sous éduqués. Là encore, la majeur partie était afro-américain et latino. Beaucoup consomment trop d’alcool. Départ de la montgolfière à Eloy (Arizona) qui nous a emmené à quelques 1500 mètres d’altitude et son ombre sur le désert.

La consommation à outrance, fléau américain

Il est bien connu qu’un des indicateurs économiques essentiels à la croissance, est la consommation des ménages. L’Amérique est la championne du monde toute catégorie. Le rêve américain … une maison, deux voitures qui consomment vingt litres au cent minimum, et plein de choses inutiles qui encombrent le garage.

C’est aussi les caddies sur plein à la sortie de « Walmart » (première chaîne de supermarché au monde). Et là, ça fait mal. Quand on voit le poids de certaines personnes et la m.@!? qu’ils mangent, on prend peur. Mais chez « Walmart » tout est fait pour pousser à la consommation. Ils exploitent à l’extrême les techniques mercatiques. Emballages XXL, rayons gigantesques, télévisions dans toutes les allées avec des publicités, caisses automatiques, système de paiement hyper facilité par carte à débit automatique ou de crédit tout automatisé (jusqu’à la signature à l’aide d’un stylo à écran tactile). Bref, tout pour amadouer le citoyen lambda, qui à nos yeux est plus victime que adhérent du système. Boardwalk de Venice Beach, tout y est jusqu’au véhicule de L.A.P.D. (Los Angeles Police Department) qui patrouille.

L’Amérique de Schwarzenegger, tout le monde à sa chance

Nous aimons bien l’exemple de Schwarzie pour illustrer la chance que l’Amérique peut offrir à qui est motivé et croit en ce qu’il fait. Malgré toutes les dérives de ce pays (le plus fort écrase le plus faible, dérives alimentaires, politique extérieur, nombrilisme,…) il faut bien avouer que chacun a sa chance et ici les perspectives de réussite personnelle semblent plus grandes qu’en Europe. Schwarzie immortalisé dans toutes ses versions au musée de cire d’Hollywood