Archives mensuelles : août 2005

Depuis un an sur la route…

Une année en vadrouille, ça use mais fait du bien. Nous voilà un peu nostalgique au passage de cette date symbolique. Voici exactement un an, nous étions dans le train des CFF en direction de Genève Cointrin. Dès lors, nous avons traversé vingt et un pays. Ca parait assez incroyable, non ?

Une constante nous aura accompagnée durant ces mois de pérégrinations. Celle de l’équation du 21ème siècle, héritage de l’histoire récente de notre modeste race. Elle se décline ainsi: Pauvreté + sous-éducation + pollution + impérialisme américain = inégalité, injustice et égoïsme (ou intérêt personnel)!

Nous n’en dirons pas plus ici, nous pourrions écrire une thèse.

Autre héritage du passé est le racisme. Nous vivons toujours ça et là des expériences difficiles dû à la mixité de notre couple. Monica est souvent traitée sans respect comme métisse et Sylvain est vu comme l’étranger aux dollars faciles. Nous survivons mais le sentiment de peine est certaines fois plus fort que notre capacité à éprouver de la compassion pour notre prochain. Surtout lorsque les remarques viennent de la part d’autres voyageurs censés être éduqués.

Pour dire deux mots sur notre état d’esprit, Nous croyons que nous pouvons utiliser la comparaison qu’il existe entre un voyageur et un vacancier. En effet, une différence réside entre voyage et vacances. Le point le plus important est certainement la mentalité, la persévérance et l’endurance. Effectivement, le voyage n’est pas chose facile. Ceci en tout cas lorsqu’il s’effectue avec un budget limité et déterminé. Le voyage met à l’épreuve le voyageur dans sa capacité à aimer l’autre et à accepter dans la mesure du possible ses « demandes ». Le voyage fatigue et remet en cause continuellement la façon de penser et d’appréhender le futur. Bref, les moments jouissifs sont nombreux au même titre que les coups de blues. C’est pour cela que l’on dit que sa forge la jeunesse (pas que la jeunesse d’ailleurs!)

En corollaire nous pouvons dire que nous nous appauvrissons financièrement jour après jour MAIS que nous nous enrichissons sentimentalement et spirituellement minute après minute. Quel Bonheur!

Bon voyage! Le voyage ça use… les pieds !

Mónica et Yvan et la famille Deliens à Cartago

De gauche à droite : Sylvain, Monica, Monica, Yvan, Christian, Ligia et Paul Nous avions décidé de faire l’impasse sur le Costa Rica. Non pas qu’il n’y ait rien à faire ou à voir ici. Bien au contraire, le Costa Rica est certainement le pays d’Amérique centrale qui offre la plus belle diversité au niveau de la faune et de la flore. Ceci grâce à une politique de conservation qui prévaut dans le pays de longue date.

En fait, nous avons passé quelques jours en compagnie de Monica et Ivan, deux Costariciens que nous avions rencontrés à Utila au Honduras. Nous nous sommes donc rendus à San José, la capitale du Costa Rica. Monica et Ivan nous y ont accueillis avant de nous emmener à Cartago, ancienne capitale du Costa Rica située à 1439 d’altitude. La famille d’Ivan, qui nous a reçus, a été de surcroît tellement aimable et hospitalière qu’il nous a été difficile de repartir. Sylvain a ainsi pu se débarrasser de la crève qu’il a attrapée au Nicaragua. Nous avons passé finalement cinq jours en leur compagnie.

Le week-end, nous sommes partis avec Monica et Yvan au volcan Irazú. Malheureusement le temps était pluvieux et un brouillard intense empêchait de voir quoi que ce soit. Nous avons donc rebroussé chemin. Au Costa Rica, la saison des pluies dure dix mois environ et l’atmosphère est souvent nuageuse. Pour arriver à l’entrée du parc national du volcan, nous avons passé de 1400 mètres d’altitude à plus de 3400 mètres. Les paysages durant le chemin nous ont étrangement fait rappeler ceux de nos Alpes. Nous avons eu un gros coup de blues en voyant ces verts paysages. Une envie subite de raclette© et de fondue s’est fait ressentir. Quelles émotions !

Puis nous sommes redescendus jusqu’à Orosi, un petit village abritant une des églises et monastères les plus anciens du pays. Passant sous la barre des 1000 mètres d’altitude la végétation s’est soudainement transformée en une jungle dense. Incroyable ! En 1h30, tu passes des Alpes à l’Amazonie ! Là nous avons mangé au bord d’un petit lac d’exquis plats locaux.

Nous avons également passé de beaux moments avec Paul et Ligia, les parents d’Ivan. Paul nous faisant partager sa grande expérience sur l’Amérique latine et Ligia ses nombreuses expériences de voyages. Nous avons aussi visité le centre de San José en compagnie de Ligia. Cerise sur le gâteau, Paul est un cuisinier hors pair et nous a concocté quelques plats succulents. Ils auront vraiment été aux petits soins pour nous et nous avons essayé également de donner le meilleur de nous même.

Au Costa Rica, nous reviendrons prochainement, c’est sûr ! D’une part pour revoir ces personnes formidables et d’autre part pour découvrir les merveilles que cache ce pays.

Petite anecdote:

Le Costa Rica exporte son meilleur café. Durant de nombreuses années les « ticos » (habitants du Costa Rica) ont consommé un café de mauvaise qualité. Ceci jusqu’à ce qu’un entrepreneur décide de vendre aussi du bon café aux « ticos ». C’est le comble !

Le volcan gronde et la terre tremble sur l’île d’Omepete

Toujours à la recherche de la vision furtive du magma d’un volcan, nous nous sommes rendus sur l’île d’Ometepe sur le lac du Nicaragua. Cette île abrite deux volcans dont un est actif, le volcan « Concepción ». Nous ne le savions pas mais il était entre en éruption seulement quelques jours avant notre arrivée.

A notre débarquement du bateau, l’endroit nous a paru spécialement désertique. Nous nous sommes rendus dans une agence de guides pour nous renseigner. C’est alors que le guide présent nous a dit que l’ascension était impossible due à des pluies d’acides ainsi qu’à des gaz asphyxiants. Ceci, bien sûr était lié à l’éruption qui s’était déroulée quelques jours auparavant. Mais le plus surprenant nous attendait encore. Une fois avoir pris une chambre dans une des auberges du village de Moyagalpa, nous avons regardé les informations à la télévision. Et la stupeur, nous apprenons que le jour d’avant s’était produit un tremblement de terre de 5.6 sur l’échelle de Richter. L’amplitude fut la même du séisme de 1972 qui avait alors détruit le centre de Managua. Heureusement, l’épicentre était localisé dans le lac et aucune victime ni dégât majeur ne furent à déplorer. Le même jour et le jour suivant, nous avons vécu une dizaine de répliques de 4 à 4.5 sur l’échelle de Richter. Nous ne les avons pas vraiment senties. Inutile de vous dire, nous avons laissé tomber l’ascension du volcan et sommes repartis après deux jours.

Notre chance ne s’est pas arrêtée là. La chaleur intense de la région alliée aux ventilateurs de la chambre et à la climatisation du café Internet par satellite ont eu raison de la santé fatiguée de Sylvain. Il a en effet attrapé une crève propre en ordre. C’est dans cet état que nous avons repris la route pour le Costa Rica où nous attendaient Monica et Ivan, deux costaricain rencontrés sur l’île d’Utila au Honduras. Local endormi sur un lac plutôt agité

Vue sur le volcan actif de Concepción sur l’île d’Ometepe

Granada, entre architecture coloniale touristique et pauvreté

Nous aurons passé vite finalement à Managua, la capitale. S’il y a bien une constante depuis le Guatemala, c’est la une des journaux populaires. En effet, tous les jours plusieurs meurtres sont commis et largement couverts par les medias populaires. La plupart se déroulent dans les capitales. Cependant, le plus souvent, ce sont des règlements de comptes ou des faits divers. Cela ne devrait pas dissuader un voyageur indépendant de se rendre dans un endroit. En prenant les dispositions nécessaires, aucun endroit ne doit vraiment être évité. Ce n’est donc pas pour cette raison que nous n’aurons fait que passer à Managua. Simplement que nous n’avions pas prévu d’y séjourner.

Nous nous sommes donc rendus à Granada. Ville coloniale et important centre économique du pays, il nous semblait intéressant de nous y arrêter quelques jours. L’architecture du centre ville est assurément intéressante et variée mais elle se partage la vedette avec une extrême pauvreté et détresse de sa population. En gros, il y a ceux qui vivent et s’en tirent plutôt bien grâce au tourisme et les autres.

Alors que nous ne l’aurions pas imagine, Granada nous a permis de rencontrer Thomas, un Suisse qui traverse l’Amérique latine avec son vélo depuis décembre 2003. Nous avons particulièrement apprécié de pouvoir échanger nos expériences sur nos périples respectifs. Lui venant du sud et nous du nord. C’est l’un des bons côtés des auberges à « backpackers » ou ghetto à routards en manque du pays voyageant avec le Lonely Planet! La croix remplace les règles des bus scolaires US

Bâtiment colonial de Granada

Colectivo de Granada

Habitants de Granada assis autour de la place centrale

Choc au Nicaragua

Cinéma défunt à Ocotal. Les vrais Rambos (à l’époque le cow-boy Ronald Reagan) ont eux, réussi à mettre à genoux le pays avec leur guerre appelée « Contra » visant à lutter contre le socialisme (l’éducation pour tous, la santé,…) au Nicaragua. Les fils de p?@!# Nous avons passé une nuit à Tegucigalpa, capitale du Honduras, avant de prendre la route pour le Nicaragua. Comme nous prenons toujours les bus locaux d’une ville à l’autre, nous ne savons jamais vraiment jusqu’où nous allons arriver. Au Nicaragua nous sommes arrivés à Ocotal. C’est une petite ville sandiniste du nord ouest du pays. Elle présente la particularité de ne pas avoir de petits villages alentours. Tout est regroupé autour de la ville. Le Honduras n’est pas ce que l’on peut qualifier de développé. Mais nous pouvons vous assurer que la différence entre les deux pays est très marquée et choquante. Le Nicaragua étant vraiment pauvre.

Beaucoup d’images de la vie quotidienne nous ont rappelé l’Inde. En se promenant dans le centre, nous avons été attirés par la grande demeure coloniale du centre culturel. Là, nous y avons rencontré son directeur, un espagnol qui a immigré ici en 1980. Certainement avec l’espoir que la révolution sandiniste serait plus humaine. En échangeant quelques mots, nous avons vite compris que la pauvreté à un nom: corruption. De plus nous pouvons rajouter colonialisme, manque de valeurs morales des hommes et toujours, dans cette Amérique latine plurielle, les Etats-Unis qui dictent leur vision du monde. Les dégâts sont irréversibles et c’est pourquoi le Nicaragua est le deuxième pays le plus pauvre de l’hémisphère nord. Vous aurez compris que les sandinistes sont à tendance socialistes. Le directeur du centre culturel nous a confié qu’ils allaient lancer une campagne d’alphabétisation avec l’aide du gouvernement … Cubain. Cuba aide passablement les pays d’Amérique latine soit en envoyant des médecins ou en envoyant un support logistique aux campagnes d’alphabétisation par exemple. Nous devons reconnaître que c’est au moins concret !

Une fois n’est pas coutume, la pauvreté ne rime pas avec gentillesse de la population. Nous n’avons pas vraiment, durant notre séjour au Nicaragua, senti la chaleur et l’ardeur latine des gens. Au contraire, plutôt froids et désintéressés. De plus, l’ignorance et le caractère ignare de beaucoup de personnes rencontrées sont tout simplement stupéfiants. Ca nous a vraiment fait mal. Alors le Nicaragua en deux adjectifs: inique et arbitraire.

* Vient de: Sandino, Augusto César (1893-1934), homme politique révolutionnaire nicaraguayen, connu pour sa résistance acharnée contre l’occupation américaine du Nicaragua. Il fut assassiné en 1934. S’en suivi une dictature de 45 ans. Son nom fut utilisé par le Front sandiniste de libération nationale, qui évinça le clan des Somoza en 1979. Dès lors, les Américains ont livré une guerre acharnée contre ce pays afin de lutter contre le socialisme. N’oubliez pas que les Etats-Unis ont instauré puis soutenu toutes les dictatures d’Amérique latine et certainement de partout ailleurs. Nous vous laissons seul juge!!!