Voyage dans la vallée sacrée en bus local

Homme jouant de la flûte avec passion et harmonie sur le site archéologique de Pisac

Intiwatana ou observatoire solaire. Attribué a un centre religieux, on y trouve le temple du soleil et celui de la lune Avant de nous rendre au Machu Picchu, nous avons d’abord visité plusieurs sites archéologiques Inca, notamment le marché de Pisac et les salines de Maras. Le temps semble s’être arrêté dans cette vallée verdoyante aux paysages montagneux entrecoupés de rivières. Au départ de Cusco, il est presque devenu difficile de voyager local tellement l’offre touristique est grande et les agences nombreuses. Toutes essayent de te dissuader d’utiliser leurs services. Nous préférons être libres de prendre le temps si l’on en a envie. En effet, beaucoup de ces lieux sont magiques et les visiter en groupe de 20 à 40 personnes en consacrant une demie heure par site, est bien peu pour nous.

Par exemple, sur le site archéologique de Pisac, un joueur de flûte de pan empli les montagnes de son harmonie sonore. Nous sommes restés plus d’une heure à nous laisser bercer par les ondes faisant écho dans les grandes terrasses embrassant les montagnes verdoyantes du sommet desquelles les points de vue sur la vallée sont splendides. Une pluie diluvienne nous a encouragé à redescendre à Pisac plus tard. De là, nous avons pris un bus pour Urubamba. Sur la coline environnante se trouve le site de Moray et son laboratoire agricole antique. Des terrasses aménagées en forme de cercle autour d’un centre contenant un quartz, à l’image d’un amphithéâtre. Le quartz capte les énergies. La particularité est que chaque étage présente un climat distinct. Ainsi les Incas exerçaient des recherches sur les différents fruits et légumes qu’ils connaissaient. En contrebas du site Moray, se trouvent des salines. Au beau milieu d’une gorge de roche brunâtre émergent des terrasses d’un blanc vif et éblouissant.

Ensuite, nous nous sommes dirigés en direction du village d’Ollantaytambo. Ce village vit au rythme de leurs ancêtres. Nous y avons trouvé encore des bâtisses de style campagnard avec des fondations faites d’impressionnants blocs de pierre ou en adobe et aux toits de tuiles ou de paille. Dans ces maisons se mélangent l’élevage de cochons d’inde et la confection d’artisanat. En se promenant dans les petites rues étroites pavées de pierres arrondies grisâtres, nous avons croisez des indigènes vêtus de leur poncho et « chullo » (bonnet typique) coloré.

De Ollantaytambo, nous allions nous rendre à Aguas Calientes ou « Machu Picchu Pueblo » comme renommé récemment pour de viles questions commerciales visiblement. Le problème était comment? En effet, la seule manière d’y arriver directement est de prendre le train de la compagnie Perurail. Perurail appartenait à l’état péruvien jusqu’à la fin des années 90. A cette époque, le transport coûtait alors trois dollars pour voyager dans le train dit local. Vendu aux chiliens et anglais car non rentable selon le gouvernement (le Pérou est le champion de la mauvaise gestion des entreprises étatiques « vache à lait ».) Depuis la privatisation, Perurail ne subit plus de vols ou de malversations de la part des employés et sa rentabilité est bonne. Voyager au tarif local et avec les locaux n’est plus possible. Le billet le moins cher au départ d’Ollantaytambo coûte 44 dollars. Un monopole bien exploité. Contrariés par cette hérésie commerciale et par le fait de devoir voyager séparément (Monica étant péruvienne), nous avons décidé de nous rendre au Machu Picchu par la voie du routard fauché. Nous avons pris notre courage à deux mains et avons, à force de questionnement, extrait la manière de se rendre à Aguas Calientes sans train. Et cette voie existe. Nous avons embarqué dans un bus à 9h30 du matin pour un village appelé Santa Maria. Le bus étant archi bondé et Sylvain grippé, le chauffeur a accepté, après que Chi ait insisté, de nous faire voyager à l’avant dans sa cabine (meilleur endroit pour voyager en bus selon Sylvain). Après six heures de route en lacets jusqu’au sommet d’un col culminant à plus de 4000 mètres, entre brouillard et précipices, nous sommes petit à petit redescendus de l’autre côté jusqu’à pénétrer dans une végétation de type tropicale, jusqu’à notre arrivée à Santa Maria qui se situe à 1500 mètres d’altitude. Ce voyage a valu à lui tout seul tous les clichés qui remplissent votre imagination.

Arrivés à Santa Maria vers 15h00, nous apprenons que le prochain bus est à 3h00 du matin. Là nous tombons sur un groupe de voyageurs qui faisait la même route que nous pour faire un pied de nez à Perurail. En se groupant, nous avons réussi à remplir un combi (minibus de marque japonaise). Destination Santa Teresa. Le jeune chauffeur de 17 ans (il conduit depuis l’âge de 13 ans) nous a emmenés le long des montagnes verdoyantes où le café et la coca poussent de manière généreuse. La route était défoncée et à chaque virage, l’adolescent klaxonnait pour avertir de son passage. Après deux heures trente de route chaotique (traversée de rivières caillouteuses), nous sommes arrivés à Santa Teresa. Le groupe de voyageurs a décidé de continuer leur route en direction du Machu Picchu alors que nous avons décidé de nous reposer ici. Santa Teresa est un petit village typique des Andes tropicales, pauvre, aux maisons aux toits de tôle ondulée et aux routes en terre. Sa population est très agréable comme d’habitude. Nous y avons trouvé notre compte l’espace d’une nuit. Le lendemain nous avons continué notre chemin. A pied, nous avons marché en direction de la station hydroélectrique. Pour rejoindre la route qui y amène, il faut passer le fleuve Urubamba à l’aide d’une tyrolienne. Une fois de l’autre côté, on peut prendre un camion. Nous avons continué à pied. Quelques trois heures plus tard, marchant dans une vallée encaissée aux montagnes abruptes dans un décor toujours tropical, nous avons rejoint la station hydroélectrique. A partir de ce point nous pouvions prendre le train ou faire les 12 kilomètres restant le long de la voie ferrée. Après avoir conversé avec le garde parc se trouvant à la station, nous avons commencé notre marche ardue sur les gros cailloux de la voie. En effet, Perurail a augmenté le tarif du train pour les étrangers de 1,5 à 16 dollars, voyant que de plus en plus de touristes empruntent ce chemin. Ce bout de chemin fut long et douloureux. Il semblerait même que les chiliens de Perurail mettent des pierres affilées pour rendre la marche difficile et douloureuse. Sylvain, avec ses baskets usées, l’a particulièrement senti passer. Mais bon, on l’aura gagné ce Machu Picchu. Ce n’aura fait que lui donner plus de grâce. Nous sommes finalement arrivés en fin de journée à Aguas Calientes où nous avons pris un repos bien mérité.

Le lendemain, réveil à 4h00 du mat’ pour grimper au sommet du vieux pic (traduction de Machu Picchu)