Archives mensuelles : septembre 2004

Trincomalee, bénéfice économique

Sanju et son tuc-tuc financé par la Suisse. A Trincomalee, plus au nord sur la côte est, nous avons retrouvé les plages de sable marbré et l’eau turquoise. Nous avons eu la chance de faire de la plongée masque-tuba sur Pigeon Island où nous nous sommes littéralement retrouvés catapultés dans un véritable aquarium naturel. C’était tout simplement splendide. Pour avoir vu le film «Nemo», nous nous y sommes crus (à la différence près que les poissons ne parlaient pas).

A Trincomalee, nous avons rencontré un chauffeur de tuk-tuk dont le frère vit en Suisse depuis 10 ans. C’est pour moi l’occasion de faire un petit bilan de notre séjour au Sri Lanka tant au niveau humain qu’économique. Tout d’abord, pour moi la représentation du Sri Lanka, c’était les tamouls qui logeaient comme réfugiés politiques à la pension Wilhelm de Montreux au début des années 80 (en fait il y a autant de tamouls que cinghalais réfugiés en Suisse). Je les voyais lorsque je rentrais du collège d’Etraz, souvenir d’enfance donc. C’est vous dire l’image subjective que j’avais de cette île finalement assez peu connue. Je partais donc avec assez peu d’a priori.

En mettant de côté les personnes attirées par l’appât du gain touristique, la population sri lankaise est d’une amabilité et d’une gentillesse à toute épreuve. Ceci est certainement dû à leur religion, le bouddhisme. Il est cependant souvent difficile de pouvoir avoir des discussions de fond car leur anglais est bien souvent trop pauvre (je vous rappelle que l’on voyage local, donc avec les classes sociales les plus défavorisées. Il faut aussi rappeler que cette classe représente souvent plus du 90% de la population des pays pauvres). Cependant, nous avons pu leur « tirer les vers du nez » en leur posant nos fameuses questions. J’aime dire que tout est inter-relié en ce bas monde avec comme base sur la planète Terre, l’Homme. Ceci pour dire que leur état d’esprit est souvent lié à leur niveau d’éducation et leur statut social. J’ai le sentiment étrange que les pays pauvres se ressemblent considérablement. Corruption, administration lourde, éducation pauvre, infrastructures insuffisantes (réseau routier, ferroviaire, égouts, irrigation, réseau électrique,…) échoppes vendant le minimum vital dans les campagnes, fatalisme face au quotidien, acceptation de leur situation quelle qu’elle soit. Je suis convaincu que le climat joue un rôle sur le moral et la capacité à vouloir se doter de meilleures infrastructures. Je sais que vous me direz que la Russie et la Chine connaissent des climats sibériens et qu’ils ne sont pas pour autant mieux développés.

Enfin, pour moi l’ignorance est le pire des fléaux pour nos sociétés modernes. L’ignorance, c’est le manque d’éducation. C’est l’expression de la pauvreté la plus insupportable. Que tous ceux qui ont souffert à l’école se rassurent, ce n’était qu’un mauvais moment à passer. Une sorte de mal nécessaire. Cette épreuve vous a certainement permis de savoir que vous êtes plus manuel qu’intellectuel. Vous avez au moins reçu le bagage minimum pour vous en sortir dans l’arène humaine. Tant de personnes sont condamnées à un choix unique dans leur vie par manque d’éducation et ils ne sauront jamais qu’il existe une alternative. La liberté c’est ça, Avoir le choix. Une idée de la pauvreté est bien souvent celle de traîner dans la rue, être sale, avoir juste de quoi subvenir à ses besoins quotidiens (et encore !). Cette forme de pauvreté n’est pas la pire, car la majorité des gens dans la rue sont de loin pas malheureux, au contraire. Ce qui est plus inquiétant est la manipulation qui peut être exercée sur ce type de personnes, pouvant les faire devenir partisans des pires idéologies extrémistes. Les problèmes d’hygiène également sont importants mais ceux-ci devraient être assurés par l’état.

Pour revenir au nerf de la guerre de nos sociétés modernes, je pense bien sûr à l’économie, la quatrième guerre mondiale (la troisième étant la guerre froide), l’exemple de Sanju et de son tuk-tuk (moto à trois roues servant de taxi) est assez révélateur des pays pauvres. La consommation est bel et bien le moteur économique d’un pays. Et pour consommer il faut gagner un salaire. Ce salaire doit permettre d’assouvir non seulement les besoins vitaux de base comme s’alimenter et avoir un toit pour dormir mais également garantir un certain niveau de vie et surtout épargner pour pouvoir investir. Si le frère de Sanju habitant en Suisse, n’avait pas financé son tuk-tuk, il n’aurait jamais pu s’en acheter un, donc il serait resté sans travail. Et pourquoi ? La majorité des travaux dans les pays pauvres offrent tout juste la possibilité d’acquérir sa nourriture du jour et subvenir aux besoins vitaux. Il n’aurait donc jamais pu épargner les CHF 3000.- que coûte un tuk-tuk. Ceci explique également pourquoi ces pays sont si bon marché. Car la rémunération est réduite au minimum (salaire mensuel du sous-continent indien oscille entre $ 30.- et $ 200.-). Ces coûts bas font l’apanage des multinationales qui elles, génèrent leur profit la-dessus. Ces pays peinent à avancer car trop peu de personnes injectent de l’argent dans le circuit économique. A Sanju, à présent, de générer de la valeur avec son tuk-tuk afin de pouvoir en acheter un deuxième puis un troisième. Le problème que rencontrent ces pays est l’investissement. Tout un chacun doit pouvoir mettre un pécule de côté pour pouvoir investir. Le micro crédit paraît une bonne initiative dans ces pays. Mais là encore on est confronté au problème de l’éducation !

Le Triangle Culturel

Le triangle culturel représente la partie du Sri-Lanka ayant le plus de vestiges datant de divers époques de l’histoire de l’île. Nous avons d’abord visité le temple de Dambulla. Un temple creusé dans le roc dans une énorme masse rocheuse de 150 mètres de haut sur 1600 mètres de large. Voici 2000 ans, le roi Valaganbahu, qui venait d’y passer quatorze ans d’exil, transforma cette colline en coquille de cathédrale. Les cinq cavernes qu’elle abrite sont à la fois un haut lieu de culte et un musée de l’Histoire nationale. Dans la première, on peut voir, taillé dans la roche, un Bouddha couché long de 14 mètres et déjà, des statues de dieux et de génies associés au bouddhisme cinghalais. La seconde ne contient pas moins de 150 statues -grandeur nature ou supposée telle- de divinités diverses auxquelles les rois firent tout aussi naturellement ajouter leur propre image. Bouddha conserve néanmoins la première place et le plafond est couvert de superbes fresques mêlant les événements de sa vie aux temps forts de l’histoire de l’île.

Ensuite, nous nous sommes rendus à Sigiriya où nous sommes restés deux jours pour grimper au sommet de son fameux rocher et découvrir ses jardins. Rien mieux que cette fascinante silhouette de pierre rouge qui, au milieu de la jungle, surgit soudain devant vous, ne pouvait symboliser la vénération et la crainte que le roi Kasyama son créateur (477-495 après J.-C.) cherchait à inspirer. Ces sentiments devaient être bien plus forts encore lorsque les murs de marbre blanc, les toits d’airain et les fleurons ornés de pierreries du palais couronnant le rocher réfléchissaient la lumière du soleil et semblaient faire monter au ciel les gracieuses effigies féminines qui décoraient ses parois (il en reste 19 sur 500).

Enfin nous avons terminé notre périple culturel par Polonnaruwa et ses cités antiques. Nous avons pu notamment y admirer le site de Gal Vihara avec ses quatre statues de bouddha. La statue du bouddha en position debout fait 7 mètres de haut et celle du bouddha couché 14 mètres de long, impressionnant. Fresques au Rocher de Sigiriya

Dambulla (Cave Temple)

Polonnaruwa

Nilambe : La méditation bouddhiste, une authentique philosophie de vie !

Après les «tourments» des rabatteurs de Kandy, nous avons décidé d’expérimenter la méditation bouddhiste. Le centre de méditation de Nilambe se trouve perdu dans les collines au sud de Kandy. Le dernier kilomètre pour y accéder est à faire à pied au milieu de plantations de thé. Ce centre pratique la méditation bouddhiste qui met l’accent sur ce qu’ils appellent en anglais «mindfulness» et « metta (loving kindness) meditation». Si on tente de définir ces deux termes en français, c’est quelque chose comme «fait de rester conscient (apporter une attention toute particulière) de vos responsabilités» et «tendre gentillesse renforcée par un sentiment d’affection». Cela ne vous dit certainement pas grand chose. En gros, la méditation consiste à vivre le moment présent par la maîtrise de sa respiration et l’observation de ses pensées. Elle repose sur le postulat que la vie est vécue uniquement dans le présent. On ne peut agir sur le passé et le future nous est inconnu. Et malgré cette vérité, notre esprit est sans arrêt en train de penser, d’errer dans ces deux dimensions. Il s’agit de ne plus créer des mondes autour des pensées qui nous traversent l’esprit mais simplement de les observer et de les laisser partir. Pour ce faire, le centre de méditation de Nilambe a des règles strictes qui sont: le respect du silence, la séparation homme-femme pour dormir et le minimum vital pour vivre (puisqu’on est là pour méditer et pas autre chose). Il n’y a donc pas d’életricité. On médite cinq heures par jour en groupe, il y a deux heures de yoga et le reste du temps est consacré à la méditation individuelle. Les adeptes de la méditation peuvent échanger des paroles entre 16h00 et 16h30 lors du thé. Ce fut fort plaisant de partager ce moment avec soi-même. En route (à pied) pour le centre de méditation.

Sri Lanka, Véritable zoo naturel!

Le Sri-Lanka nous a particulièrement surpris par sa faune. En effet, des singes, des écureuils, des animaux domestiques tels que chats et chiens, des geckos, des lézards, des chauve-souris (pouvant faire la taille d’un homme!), des rats, des crocodiles, des biches, des paons, des éléphants, une multitude d’oiseaux tropicaux sans compter les poissons de corail (même un requin) nous ont accompagnés durant notre voyage.

Nous avons toujours dormi avec un compagnon malvenu, le gecko. Cependant, ce charmant saurien se charge de débarraser la pièce des moustiques. Eléphants à l’orphelinat de Pinnawala. A remarquer qu’ils n’ont pas de défense pour des raisons de sécurité. On vous laisse découvrir quelques « petits » détails.